En lumière

Les Rueillois associés, 2ème partie : la frénésie associative (1945-1980)

Pendant l'Occupation, le régime de Vichy instaure une politique corporatiste dans le cadre de la Révolution nationale, avec des organisations par branche d'activité. Les syndicats sont dissous. De nouveaux ordres professionnels sont établis avec adhésion obligatoire : ordre des médecins, ordre des architectes, ordre des vétérinaires, ordre des experts-comptables. L'ensemble des organisations sociales et professionnelles sont mises sous tutelle de l’État. Par ailleurs, le régime de Vichy apporte un assouplissement des contraintes sur les congrégations religieuses. Par ailleurs, les bals sont interdits et les fêtes sont réduites à des galas de bienfaisance au profit des prisonniers.



1_acrm_1i22.jpg - <p class="description">ACRM, 1I22 : Arrêté préfectoral du 20 mai 1940, interdiction des bals publics, 20 mai 1940</p>

ACRM, 1I22 : Arrêté préfectoral du 20 mai 1940, interdiction des bals publics, 20 mai 1940

Par Julie Vavon, archiviste


 

 


À la Libération, la plupart des mesures du régime du Vichy sont annulées. Les syndicats sont de nouveau autorisés, les mises sous tutelles sont levées. La liberté d'association devient un droit constitutionnel reconnu par les traités internationaux. Dans les années 1950, il se crée environ 5 000 associations chaque année.


1) Les associations de "jeunesse"

Au sortir de cette épreuve, l'appétit de vivre des rueillois (surtout celui de la jeunesse) est décuplé. Cependant, le temps est à la reconstruction du pays et la ville ne dispose que de peu de distractions, de lieu de rencontres pour les jeunes, hormis les cafés. Vont alors se créer de multiples associations pour combler ce vide.

Le terme de « jeunesse » semble couler de source. Pourtant, contre cette évidence supposée, le sens de la jeunesse est une construction sociale qui peut être historiquement déterminée. Au cours de l'après-guerre, la jeunesse s’affirme dans les représentations collectives comme une période clairement identifiée entre l’enfance et l’âge adulte. Cela s’explique par différents facteurs, comme l’allongement de la durée des études, les relations nouvelles entre parents et adolescents ou encore la promotion de l’image de la jeunesse dans la publicité et les médias. La jeunesse se dote d'une culture spécifique, la « culture jeune », d’abord musicale, ensuite cinématographique et audiovisuelle. Les médias diffusent une nouvelle image de la jeunesse, plus autonome, plus rebelle, plus inquiétante aussi. L’acteur américain James Dean devient le symbole de la « fureur de vivre » d’une fraction de la jeunesse occidentale. La diffusion du rock anglo-américain, le « yéyé » en France, ont joué un rôle de ciment identitaire à une classe d’âge, à tel point qu’on a pu parler de « génération Salut les copains », du nom de l’émission radiodiffusée, lancée sur Europe n° 1 en 1959. Cette nouvelle culture musicale se distingue clairement de celle qui est destinée aux enfants et, a fortiori, des modèles culturels des adultes.

Ainsi se développe l'association rueilloise Amitiés laïques. C'est un groupement de jeunes, anciens élèves des écoles laïques qui fondent un petit orchestre et jouent des pièces de théâtre le dimanche à l'école des garçons place de l'église. Ses statuts indiquent  qu'ils ont: « pour but de diffuser la pensée laïque et de défendre les institutions laïques existantes ; de prolonger l’œuvre scolaire en promouvant l’éducation populaire notamment par l'organisation d'activités éducatives tendant à compléter la formation intellectuelle, physique et morale des membres et par l'organisation de loisirs culturels pour les adolescents et les adultes et de permettre ainsi l'émancipation civique, intellectuelle, sociale et le perfectionnement technique des habitants de la commune ».


2_acrm_r153.jpg - <p class="description">ACRM, R1/53 : Lettre de Amitiés Laïques à M. le maire, présentation du nouveau Conseil d’administration  de l'association et demande au Maire d'accepter la présidence d'honneur de l'association, 16 novembre 1954</p>

ACRM, R1/53 : Lettre de Amitiés Laïques à M. le maire, présentation du nouveau Conseil d’administration de l'association et demande au Maire d'accepter la présidence d'honneur de l'association, 16 novembre 1954

3_mhl.jpg - <p class="description">MHL, photographie du groupe Amitiés Laïques, s.d.</p>

MHL, photographie du groupe Amitiés Laïques, s.d.


 

 


Vient ensuite le Floréal, crée par André Vauvert, André Dotlain et André Masson. En quelques années, cette association regroupe près de 220 jeunes de 16 à 19 ans, principalement des étudiants qui cherchent à se distraire pendant la fin de semaine. Elle est composée de trois activités principales : le sport, le tourisme et les arts.  La Mairie leur met à disposition, rue du Château, un bâtiment en bois, qu'ils aménagent et peignent. Y sont installées de tables de ping-pong et quelques autres équipements de sports. Ils organisent également des soirées de danse, dans la salle de la Justice de Paix, rue du docteur Zamenhof.  Ils organisent également des spectacles dans la salle paroissiale Saint-Hubert, boulevard de Gaulle.


4_mhl_1.jpg - <p class="description">MHL, Programme du spectacle Floréal, Révélations 52, 23 mars 1952</p>

MHL, Programme du spectacle Floréal, Révélations 52, 23 mars 1952

4_mhl_2.jpg - <p class="description">MHL, Programme du spectacle Floréal, Révélations 52, 23 mars 1952</p>

MHL, Programme du spectacle Floréal, Révélations 52, 23 mars 1952


5_acrm.jpg - <p class="description">ACRM, R1/52, lettre du Président René Vallé au Maire M. Pourtout pour le prêt de la salle des mariages de l'Ancienne Mairie en vue de l'assemblée générale de l'association, 21 décembre 1953</p>

ACRM, R1/52, lettre du Président René Vallé au Maire M. Pourtout pour le prêt de la salle des mariages de l'Ancienne Mairie en vue de l'assemblée générale de l'association, 21 décembre 1953

6_mhl.jpg - <p class="description">MHL, photographies du groupe du Floréal, années 1950</p>

MHL, photographies du groupe du Floréal, années 1950


 

 


L'Association l'Abeille est fondée le 31 mai 1961, à la demande du Père Sallandre, curé de la Paroisse St-Pierre-St-Paul afin de garder un contact avec les jeunes après leur première communion. Les statuts de l'association dictent comme mission « l’organisation d’activités physiques et culturelles susceptibles d’assurer le sain épanouissement de ces membres ». Malgré sa fidélité aux valeurs chrétiennes, elle se défend de faire le moindre prosélytisme. En 1985, elle ne compte pas moins de 8 sections sportives (basket, cyclotourisme, football, gymnastique, natation, yoga – et 500 sportifs faisant de la compétition à haut niveau) et 4 de loisirs.


7_mhl.jpg - <p class="description">MHL : Sticker l'Abeille, s.d.</p>

MHL : Sticker l'Abeille, s.d.


 

 


2) Les Groupes régionaux

L'autre conséquence de la Seconde Guerre mondiale, au niveau du tissu associatif rueillois, est la multiplication des groupes régionaux. Ceci s'explique par l’importance des flux de population entraîné par l'exode, puis par la Libération, dans tout l’Île de France. La ville de Rueil se dote donc d’une Amicale des Bretons de Rueil-Malmaison, créée en janvier 1946. L’immigration bretonne vers la région parisienne a commencé lors de la construction de la première ligne de chemin de fer française, la ligne Paris-Saint-Germain au XIXe siècle, et s’accentue à la Libération. L'ambiance d'après-guerre jointe à l'isolement que ressentaient les nouveaux arrivants bretons justifient que soit créée une Amicale visant à resserrer les liens de la communauté. En 1968, elle recense 800 familles bretonnes sur Rueil soit près de 3000 personnes. Son siège social était à la Mairie de Rueil-Malmaison.


8_mhl.jpg - <p class="description">MHL : photographie de la Fête d'Anne de Bretagne, 1947</p>

MHL : photographie de la Fête d'Anne de Bretagne, 1947

9_mhl_1.jpg - <p class="description">MHL : photographie de la Fête d'Anne de Bretagne, 1947</p>

MHL : photographie de la Fête d'Anne de Bretagne, 1947


10_mhl.jpg - <p class="description">MHL, photographie représentant le couronnement de la Fée des Bretons, mars 1955</p>

MHL, photographie représentant le couronnement de la Fée des Bretons, mars 1955


11_mhl_1.jpg - <p class="description">MHL, programme de la fête du Grand Pardons Breton de la banlieue ouest, 29 juin 1947</p>

MHL, programme de la fête du Grand Pardons Breton de la banlieue ouest, 29 juin 1947

11_mhl_2.jpg - <p class="description">MHL, programme de la fête du Grand Pardons Breton de la banlieue ouest, 29 juin 1947</p>

MHL, programme de la fête du Grand Pardons Breton de la banlieue ouest, 29 juin 1947


12_acrm_r153.jpg - <p class="description">ACRM, R1/53 : Lettre de l'Amicale des Bretons au Maire, concernant le Bal costumé à l'Orangerie, 28 janvier 1969</p>

ACRM, R1/53 : Lettre de l'Amicale des Bretons au Maire, concernant le Bal costumé à l'Orangerie, 28 janvier 1969


 

 


Pour les originaires du Massif central : Les Auvergnats. Créé en 1964, il dispose de son propre groupe folklorique baptisé La Crouzade.


13_acrm_r155.jpg - <p class="description">ACRM, R1/55 : déclaration préfectorale de la Société Amicale Les Originaires du Massif Central, 14 avril 1964</p>

ACRM, R1/55 : déclaration préfectorale de la Société Amicale Les Originaires du Massif Central, 14 avril 1964

14_mhl_1.jpg - <p class="description">MHL, photographie du défilé des Auvergnats à la Fête des sports, 1982</p>

MHL, photographie du défilé des Auvergnats à la Fête des sports, 1982


15_mhl.jpg - <p class="description">MHL, photographie du défilé des Auvergnats à la Fête des sports, 1982</p>

MHL, photographie du défilé des Auvergnats à la Fête des sports, 1982


 

 


Puis d'une troisième constituée des Méditerranéens de Provence, Côte d'Azur, Languedoc-Roussillon et Corses. Ces derniers forment leurs propres associations quelques années après.


16_mhl.jpg - <p class="description">MHL, photographie du Banquet des Corses, sd</p>

MHL, photographie du Banquet des Corses, sd


 

 


Bien plus tard, en 1982, vient s'ajouter l'Amicale des Alsaciens, Lorrains de Rueil et son groupe folklorique : les Bretzels. Là encore, un local est mis à disposition par la Mairie et M. Baumel accorde une subvention de 1000 francs à l'Amicale la première année en attendant les premières cotisations.


17_mhl.jpg - <p class="description">MHL, photographie des fêtes alsaciennes, 22 avril 1967</p>

MHL, photographie des fêtes alsaciennes, 22 avril 1967

18_mhl.jpg - <p class="description">MHL, photographie des fêtes alsaciennes, 22 avril 1967</p>

MHL, photographie des fêtes alsaciennes, 22 avril 1967


 

 


Toutes ces associations cohabitent en organisant des bals, des soirées lyriques, chorégraphiques et gastronomiques afin de faire revivre au peu de leur terroir d'origine.

De manière générale, La Mairie se dote à cette époque d'un Comité des fêtes afin d'organiser et coordonner ces innombrables festivités : tous les ans se déroulent fêtes folkloriques, fêtes des fleurs, braderies, kermesse, loterie, « foires expositions », foires commerciales.


19_acrm_1i24.jpg - <p class="description">ACRM, 1I24 : flyer de la Grande Kermesse du Groupement national des réfractaires et maquisards, des 12, 13 et 14 juillet 1947</p>

ACRM, 1I24 : flyer de la Grande Kermesse du Groupement national des réfractaires et maquisards, des 12, 13 et 14 juillet 1947


20_acrm_1i24_1.jpg - <p class="description">ACRM, 1I24, Calendrier des fêtes de la Mairie, 1947</p>

ACRM, 1I24, Calendrier des fêtes de la Mairie, 1947

20_acrm_1i24_2.jpg - <p class="description">ACRM, 1I24, Calendrier des fêtes de la Mairie, 1947</p>

ACRM, 1I24, Calendrier des fêtes de la Mairie, 1947


21_acrm_1i27.jpg - <p class="description">ACRM, 1I 27 : programme de la Fête folklorique du 19 juin 1955, 1955</p>

ACRM, 1I 27 : programme de la Fête folklorique du 19 juin 1955, 1955

22_acrm_1i27_1.jpg - <p class="description">ACRM, 1I27, Liste des associations invitées à la Loterie Nationale du 24 mars 1962</p>

ACRM, 1I27, Liste des associations invitées à la Loterie Nationale du 24 mars 1962


22_acrm_1i27_2.jpg - <p class="description">ACRM, 1I27, Liste des associations invitées à la Loterie Nationale du 24 mars 1962</p>

ACRM, 1I27, Liste des associations invitées à la Loterie Nationale du 24 mars 1962

22_acrm_1i27_3.jpg - <p class="description">ACRM, 1I27, Liste des associations invitées à la Loterie Nationale du 24 mars 1962</p>

ACRM, 1I27, Liste des associations invitées à la Loterie Nationale du 24 mars 1962


23_acrm_1i27.jpg - <p class="description">ACRM, 1I27, Affiche de la Loterie Nationale du 24 mars 1962</p>

ACRM, 1I27, Affiche de la Loterie Nationale du 24 mars 1962

24_acrm_1i27_1.jpg - <p class="description">ACRM, 1I27, Calendrier des fêtes de la Mairie, 1969</p>

ACRM, 1I27, Calendrier des fêtes de la Mairie, 1969


24_acrm_1i27_2.jpg - <p class="description">ACRM, 1I27, Calendrier des fêtes de la Mairie, 1969</p>

ACRM, 1I27, Calendrier des fêtes de la Mairie, 1969

24_acrm_1i27_3.jpg - <p class="description">ACRM, 1I27, Calendrier des fêtes de la Mairie, 1969</p>

ACRM, 1I27, Calendrier des fêtes de la Mairie, 1969


25_acrm_bm.jpg - <p class="description">ACRM, Bulletin municipal 1970, article « Les fêtes municipales » page 8-9, 1970</p>

ACRM, Bulletin municipal 1970, article « Les fêtes municipales » page 8-9, 1970


 

 


Le fleurissement associatif rueillois est en parti permis par l'engouement de la municipalité à ce sujet : elle régule autant qu'elle assiste chacune des associations, en termes d'aide matérielle (location de salle, siège social à la Mairie), humaine et même pécuniaire. Il y a un réel engouement de la Mairie pour ses associations. Les Rueil Infos de cette période, malgré leurs quelques dizaines de pages seulement, consacrent une demie page par numéro à l'actualité des associations.


Conclusion

Cet inventaire des associations rueilloises depuis le début du XXe siècle ne se veut en aucun cas exhaustif, tant elles ont été nombreuses, diverses et variées. Cependant, une chose n'a pas changé : l'enthousiasme des différentes municipalités en faveur des associations.

Au début des années 1970, la France, dont Rueil est frappée par la crise économique. Et la ville connaît une crise de la solidarité et du caritatif.  La Mairie crée dans ces années une bourse de l'emploi (en 1979), une université libre. De nouvelles associations voient le jour, avec les nouvelles préoccupations des habitants : la situation des femmes, le chômage, la cause immigrée, etc. Les Restos du cœur de Coluche ouvrent une antenne à Rueil. En 1983, on ne dénombre pas moins de 400 associations répertoriées à Rueil.


Pour aller plus loin

  • Jean-Claude BARDOUT, L'histoire étonnante de la Loi 1901 : le droit des associations avant et après Pierre Waldeck-Rousseau, Juris Éditions, Paris, 2001

 

  • Olivier GALLAND, Les Jeunes, 6e édition, Collection Repères, Éditions La Découverte, Paris, 2002

 

  • Jean-François SIRINELLI, « Le coup de jeune des sixties », Jean-Pierre Rioux et Jean-François Sirinelli (dir.), La Culture de masse, de la Belle Époque à nos jours, Paris, 2002

 

  • Collectif, Cent ans de vie à Rueil, Société Historique de Rueil-Malmaison, Rueil-Malmaison, 2011


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