En lumière

Les métiers insolites de Rueil-Malmaison

L’un des trésors des Archives Communales de Rueil-Malmaison est le fonds 2K, composé notamment des dossiers individuels du personnels. Si ces dossiers sont utiles tout le long de la carrière des agents communaux, ils prennent une valeur historique importante avec le temps.

Ils permettent en effet de se rendre compte de l’évolution du service public à Rueil-Malmaison et de découvrir les postes qu’offrait la mairie tout au long de son développement. L’évolution des métiers proposés par la municipalité est le reflet des changements de la société.

Ce fonds nous permet de découvrir des métiers aujourd’hui disparus.



Garde-messier

Jusqu’aux années 1950, Rueil-Malmaison était encore une ville agricole. Beaucoup de terrains sont encore occupés par des zones maraîchères. La ville est entourée de champs d’asperges, de petits pois et d’haricots. Des vignes sont cultivées à flancs de coteaux à Buzenval et sur le Plateau.

C’est pourquoi la ville avait alors besoin de gardes-messiers. Les gardes-messiers étaient les personnes chargées de surveiller les champs au moment des moissons. Un peu comme des gardes champêtres, ils avaient des pouvoirs de police. Leur but était d’empêcher le vol des récoltes.

Ce métier existe depuis le Haut Moyen Âge et a été remplacé aujourd’hui par les gardes champêtres.


2k1_arrete_messier.jpg - <p class="description">2K 1, Arrêté de nomination de plusieurs gardes messiers, 1855</p>

2K 1, Arrêté de nomination de plusieurs gardes messiers, 1855

2k1_creation_garde_messier.jpg - <p class="description">2K 1, correspondance avec la préfecture pour la création d'un corps de gardes messiers, 1950</p>

2K 1, correspondance avec la préfecture pour la création d'un corps de gardes messiers, 1950


Charron

Chaque ville et village employait auparavant un charron. Le charron était un artisan spécialisé dans la fabrication et la réparation des véhicules en bois, tirés par des chevaux, avant l’ère des voitures que nous connaissons aujourd’hui. Ces artisans étaient très importants puisque ces véhicules permettaient de transporter les hommes mais aussi les chargements agricoles. A Rueil, on peut imaginer leur importance. La ville, alors agricole, commerçait avec Paris. Les récoltes étaient vendues aux halles de Paris, où elles étaient apportées par voiture à chevaux.

Les charrons étaient notamment spécialisés dans la fabrication et la réparation des roues. C’était donc un artisan polyvalent puisqu’il devait à la fois savoir travailler le bois et le fer.

Avec la mécanisation de l’agriculture et l’avènement des pneus en caoutchouc dans les années 1920, ce métier a peu à peu périclité. En France, il reste moins d’une dizaine de charrons toujours en activité.

2k47_charron.jpg - <p class="description">2K 47, certificat de travail de M. Besson, charron, 1941</p>

2K 47, certificat de travail de M. Besson, charron, 1941


Surveillant d’octroi

L’octroi était un impôt local indirect perçu par les municipalités. C’était un prélèvement sur la valeur des marchandises les plus importantes telle que le vin, l’huile, le sucre ou encore le café par exemple. L’octroi avait aussi pour fonction de contrôler les marchandises et ainsi d’éviter la contrebande.

L’octroi désigne aussi bien l’impôt que l’administration chargée de prélever cette taxe. Le surveillant d’octroi était donc celui qui percevait cet impôt pour la municipalité. Il travaillait dans des bureaux d’octroi, bâtiments placés de manière stratégique sur le territoire. Ces bureaux cernaient la ville, créant des portes d’entrée à franchir, à l’image d’un péage aujourd’hui. Bien souvent, les bureaux étaient situés au rez-de-chaussée et le surveillant était logé à l’étage du bâtiment.

A Rueil-Malmaison, quatre de ces bureaux sont installés dans la ville en 1859 rue du Chemin de fer (avenue Albert Ier), avenue Paul Doumer, avenue de Buzenval et près de la Malmaison. 

L’octroi est supprimé en 1943, supprimant ainsi le métier de surveillant d’octroi.


2k1_correspondance_octroi.jpg - <p class="description">2K 1, demande d'emploi à l'octroi de Jacques Kornmann, s.d. [vers 1850]</p>

2K 1, demande d'emploi à l'octroi de Jacques Kornmann, s.d. [vers 1850]

2k46_surveillant_octroi.jpg - <p class="description">2K 46, arrêté de nomination d'E. Barret, 1938</p>

2K 46, arrêté de nomination d'E. Barret, 1938


Cantonnier vicinal

En France, la voirie s’organise à partir du XVIIIème siècle et distingue deux catégories de routes : les routes royales ou nationales et départementales, gérées par les ingénieurs des Ponts-et-Chaussées (rattachés au ministère des Travaux publics) et les chemins vicinaux, gérés par le service vicinal des mairies.

Les chemins vicinaux sont des chemins publics qui relient les bourgs entre eux ou les hameaux à leur centre. Ils appartiennent aux villes qu’ils traversent et sont donc à leur charge, sous l’autorité du maire.

Les cantonniers vicinaux étaient les agents qui s’occupaient de l’entretien de ces routes. Ce métier a disparu en 1940, lorsque les services vicinaux ont été rattachés au service des Ponts-et-Chaussées.

2k44_arrete_cantonier_vicinal.jpg - <p class="description">2K 44, arrêté de nomination d'A. Aubrun, 1937</p>

2K 44, arrêté de nomination d'A. Aubrun, 1937


Régisseur de bains-douches

A partir de la fin du XIXème siècle, l’hygiène devient une véritable préoccupation. Si les bourgeois ont les moyens d’avoir des cabinets de toilette, ce n’est pas le cas des classes plus modestes. D’autant plus que l’eau courante n’est pas encore installée à tous les étages des immeubles. Pour pallier le manque d’hygiène des plus modestes, les villes installent peu à peu des bains-douches, souvent tenus par les municipalités.

La mairie de Rueil-Malmaison achète les bains-douches de la Bénarde en 1909. Si la ville acquiert les bains-douches, ce n’est pas elle qui le gère. En effet, la commune loue l’établissement. Le locataire vit alors sur place et dirige l’établissement.

1m10_bains_rueil.jpg - <p class="description">1M 10, plan des bains-douches de la Bénarde, s.d. [vers 1930]</p>

1M 10, plan des bains-douches de la Bénarde, s.d. [vers 1930]


En 1931, l’établissement est ouvert de 7h à 20h du 1er avril au 30 septembre et du 7h30 à 19h du 1er octobre au 31 mars. Prendre une douche coûte alors 1,5 Francs, un bain 2,75F. Il est également possible d’y acheter un savon et de louer une serviette ou un peignoir de bain. Des carnets de tickets, moins chers à l’achat, sont également proposés.

Après de nombreux travaux dans les années 1930, la gestion change en 1939 et les bains-douches de la Bénarde passent en régie directe. Au lieu de louer l’établissement, la mairie décide d’y installer des régisseurs, qui s’occupent pour le compte de la mairie de la gestion des lieux.

En 1954, la mairie met en place une attribution annuelle d’un bon gratuit pour l’utilisation des bains-douches en faveur des bénéficiaires de la carte sociale d’économiquement faible.

Dans les années 1970, les bains-douches périclitent peu à peu. Celui de Rueil est démoli en 1974. A Paris, des bains-douches municipaux existent toujours.

2k55_regisseur_bains_douches.jpg - <p class="description">2K 55, certificat de M. Darras, 1941</p>

2K 55, certificat de M. Darras, 1941


bains_douches_1_shrm.jpg - <p class="description">MHL, photographie des bains de la Bénarde, vers 1970</p>

MHL, photographie des bains de la Bénarde, vers 1970

bains_douches_2_shrm.jpg - <p class="description">MHL, photographie des bains de la Bénarde, vers 1970</p>

MHL, photographie des bains de la Bénarde, vers 1970


Professeur d’enseignement ménager

En France, l’enseignement ménager émerge dans les années 1880, mais ce n’est que vers 1900 que des professeures qualifiées sont formées. Il est dispensé dans les écoles primaires et les primaires supérieures de filles, mais aussi dans des écoles spécialisées.

A partir de 1925, se développe en parallèle les « arts ménagers ». De nombreux salons sont organisés afin d’exposer les nouveaux outils ménagers. Entre 1930 et 1940, les textes du Front populaire renforcent l’enseignement ménager des filles à l’école pour les préparer au « métier » de ménagère et à la maternité.

Sous le gouvernement de Vichy, l’idéologie de la mère au foyer devient une « affaire d’Etat ». Cet enseignement devient obligatoire à la fois dans les écoles publiques et les écoles privées. Cette obligation est reconduite après la Libération, dans une France nataliste, soucieuse de la reconstruction.

Les années 1950 sont l’âge d’or de l’enseignement ménager. Il est défendu par les femmes au niveau international. Puis, au début des années 1960, il périclite peu à peu en raison de la mixité grandissante des écoles.

A Rueil-Malmaison, une école ménagère est ouverte en 1906 (située à l’emplacement de l’actuelle Ecole d’Arts de Rueil), financée par les Tuck-Stell. C’est l’une des premières en France. Cet enseignement était aussi dispensé à l’école de la Place de la Réunion (aujourd’hui école Jean Jaurès, école pour fille jusqu’en 1975, date à laquelle l’enseignement mixte devient obligatoire).

2k48_arrete_professeur_enseignement_menager.jpg - <p class="description">2K 48n arrêté de nomination de P. Bonchoux, 1944</p>

2K 48n arrêté de nomination de P. Bonchoux, 1944


Berceuse en crèche

Les crèches existent en France depuis 1774, inventées par le pasteur Oberlin. Le fonctionnement des crèches est alors bien loin de celui que nous connaissons aujourd’hui. Le personnel n’est pas ou peu qualifié.

Les berceuses sont des bénévoles ou des salariées non diplômées, et ce sont elles (le métier était exclusivement féminin) qui s’occupent des enfants, mais aussi de toutes les autres taches que cela implique, comme le ménage.

Les berceuses sont ce qu’on appelle aujourd’hui des auxiliaires de crèche, métier qui nécessite une formation spécialisée.

2k50_berceuse.jpg - <p class="description">2K 50, lettre d'embauche, 1963</p>

2K 50, lettre d'embauche, 1963


Aide-fumiste

Un fumiste est un ouvrier qui installe ou répare les cheminées et les appareils de chauffage. Le nom « fumiste » est lié au fait que son rôle consiste à empêcher les cheminées de s’encrasser et de prendre feu.

Le mot « fumiste » apparaît dans le dictionnaire en 1762. Son usage pour définir un imposteur, une personne peu sérieuse a pour origine un vaudeville datant de 1840.

Aujourd’hui, on lui préfère le terme « chauffagiste ».

2k55_aide_fumiste.jpg - <p class="description">2K 55, certificat de travail de M. Darras, fumiste, 1941</p>

2K 55, certificat de travail de M. Darras, fumiste, 1941


Leveur de boîtes

Un leveur de boîtes était tout simplement ce qu’on appelle aujourd’hui… un éboueur !

2k49_leveur_de_boites.jpg - <p class="description">2K 49, demande d'emploi de R. Brochot, 1937</p>

2K 49, demande d'emploi de R. Brochot, 1937


Pour aller plus loin :

  • Joël LEBEAUME, L’enseignement ménager en France. Sciences et techniques au féminin. Presses universitaires de Rennes, Rennes, 2014.
  • Société historique de Rueil-Malmaison, Cent ans de vie à Rueil. 1900-2000., 2001
  • Monique ELEB, « La mise au propre en architecture », Techniques et culture, 2010
  • Marie CARTIER, Marie-Hélène LECHIEN, Eve MEURET-CAMPFORT, « Introduction », Sociétés contemporaines, 2014

Par Daphné DEROUET, Archiviste



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