En lumière

L'acte de décès de l'Impératrice

L’année 1814 est une année terrible pour la France. Repoussées, les armées de l’Empire refluent et combattent sur le sol de France. La ligne de défense orientale s’effondre. Napoléon Ier, de retour à Saint-Cloud, tente d’organiser les défenses du pays. Mais face à l’offensive des coalisés anglais, russes, autrichiens, allemands, espagnols, portugais, italiens, les Français reculent vers la capitale. Début février, la Marne est atteinte. Le 31 mars, c’est Paris, attaquée depuis Pantin, Romainville, Montmartre et Clichy, qui tombe.

Le 2 avril, Napoléon Bonaparte est déchu de la dignité impériale et les Bourbons sont de retour sur le trône de France. Le 6 avril, Napoléon abdique à Fontainebleau et il quitte la France le 28 avril pour l’île d’Elbe. Quelques semaines plus tard, Joséphine de Beauharnais, son ancienne épouse, s'éteint dans son château de Malmaison.



Le décès de l’ancienne impératrice

ac92063_1e_256_01_099.jpg - <p class="description">Acte de décès de l'Impératrice, 1814</p>

Acte de décès de l'Impératrice, 1814

Joséphine de Beauharnais, divorcée de Napoléon le 15 décembre 1809 mais toujours impératrice douairière, continue de recevoir en son domaine de Malmaison. Le 14 mai 1814, elle accueille le tsar Alexandre Ier, présent à Paris en accompagnement de son armée victorieuse des troupes françaises. Joséphine accompagne le tsar pour lui présenter son parc et sa roseraie.

Le lendemain, elle se rend à Saint-Leu, en visite auprès de sa fille, accompagnée d’Alexandre Ier. Se sentant mal, elle préfère repartir à Rueil afin de s’y reposer. Malheureusement, son état se détériore. Elle contracte une pneumonie. De santé fragile, elle s’éteint rapidement et décède le 29 mai, vers midi.

Ce n’est que le 2 juin 1814 que Pierre Louis Busset, maréchal de camp, ancien major des Cent Suisses de la Garde du Roi, rueillois d’adoption et membre du conseil municipal en 1803, ainsi qu’André de la Bonninière, marquis de Beaumont, chambellan et chevalier d’honneur de l’Impératrice, déclarent le décès de cette dernière en mairie.

Ainsi est-il inscrit au registre des décès de la ville de Rueil-Malmaison. « Acte de décès de l’Impératrice Joséphine, née Marie Joséphine Rose Tacher [sic] de Lapagerie, le vingt quatre juin mil sept cent soixante huit, mariée à Napoléon Bonaparte, Général en chef de l’armée d’Italie le huit mars mil sept cent quatre vingt seize, sacrée et couronnée Impératrice le deux décembre mil huit cent quatre, décédée dans son Palais de la Malmaison, commune de Rueil, le vingt neuf mai dernier a midi. »


L’enterrement de l’Impératrice

1E_253.jpg - <p class="description">1e de couverture, registre de décès, 1813-1815</p>

1e de couverture, registre de décès, 1813-1815

Le même jour, le cortège funèbre s’engage vers l’église Saint-Pierre-Saint-Paul afin de rendre un ultime hommage à l’ancienne impératrice. Eugène et Hortense de Beauharnais, ses enfants, sont éloignés de Rueil. Les seuls représentants de la famille sont les enfants d’Hortense, Napoléon-Louis et Louis-Napoléon, futur Napoléon III. Près de 8000 personnes assistent aux funérailles, dont de nombreuses personnes de haut-rang, notamment les représentants du roi de Prusse et du tsar de Russie, le grand-duc de Bade et plusieurs membres des familles Beauharnais et Tascher. La cérémonie, menée par l’archevêque de Tours, monseigneur de Barral, se déroule devant la ville réunie, encadrée de membres de la Garde nationale et d’un détachement de hussards russes.

Son corps, placé dans un cercueil de plomb, est installé dans un caveau provisoire avant d’être définitivement placé dans son tombeau de l’église de Rueil.

AMRM_3Fi0280.jpg - <p class="description">Carte postale : Le monument à Joséphine, église Saint-Pierre-Saint-Paul</p>

Carte postale : Le monument à Joséphine, église Saint-Pierre-Saint-Paul


Reconnaissance rueilloise ?

ac92063_1d_001_0213_5.jpg - <p class="description">Souscription pour le monument de l'Impératrice</p>

Souscription pour le monument de l'Impératrice

En-dehors de l’acte de décès de l’impératrice, les documents produits par la municipalité sont très peu prolixes concernant ces évènements. En effet, depuis la déchéance de Napoléon Ier, la municipalité doit prêter fidélité au roi Louis XVIII. Effacée la période de l’Empire ; le maire, Léonard Bertin, dans son discours pour le retour du roi inscrit au registre des délibérations le 14 août 1814, s’est entièrement tourné vers le nouveau pouvoir installé à Paris, espérant le retour de la paix, de l’ordre et de la prospérité pour le Royaume.

Il faut attendre le 27 septembre 1825, après de nombreuses démarches du prince Eugène de Beauharnais et le financement d’un mausolée auprès de la ville de Rueil, pour qu’enfin une cérémonie de translation de corps ait lieu. Aujourd’hui, le corps de Joséphine repose dans le monument créé par l’architecte Louis-Martin Berthault, l’un des protégés de l’impératrice à Malmaison.

Toutefois, l’attachement des Rueillois à l’Empire et au couple Bonaparte fut très grand. Les fêtes de la Saint-Napoléon, le 15 août, étaient fêtés jusqu’à la fin de l’Empire. Après la Restauration, des cérémonies annuelles sont célébrées à l’église Saint-Pierre-Saint-Paul, l’une en mai pour Joséphine et l’autre en octobre en mémoire de la Reine Hortense. Le maire, en uniforme, et tout le conseil municipal y assistent, accompagnés de l’orchestre du régiment en garnison à la caserne de Rueil, toutes les personnalités de la ville, les sapeurs-pompiers, la Garde nationale, etc.

Série Fi.jpg - <p class="description">Affiche de la Saint-Napoléon, 1813</p>

Affiche de la Saint-Napoléon, 1813


2Fi21.jpg - <p class="description">Circuit Napoléon Joséphine, 1990</p>

Circuit Napoléon Joséphine, 1990

Aussi, l'arrivée de Louis Napoléon Bonaparte au pouvoir ne pouvait être que bien accueillie des Rueillois. Dès octobre 1848, Louis Napoléon vient se recueillir sur la tombe de sa mère, Hortense. « Rueil reçoit souvent la visite du président et l’accueille toujours avec bonheur », dit le maire en 1850. Lors du plébiscite des 21 et 22 novembre 1852 concernant le « Rétablissement de la dignité impériale dans la personne de Louis-Napoléon Bonaparte », le oui obtient à Rueil 1119 contre 52 non.

Le futur Napoléon III s'intéressera et participera personnellement à l’embellissement de la ville. Sous l'impulsion de son maire Adrien Cramail, acquis aux idées napoléoniennes, Rueil sous le Second Empire change beaucoup: les écoles existantes s’agrandissent, d'autres sont construites, les rues sont élargies, bordées de trottoirs, éclairées au gaz, assainies par des égouts. L’église est restaurée sous le haut patronage de l’Empereur, et le nouvel hôtel de ville est construit.


La ville de Rueil-Malmaison, organise depuis 2012, le Jubilé impérial, grande manifestation culturelle sur le thème du couple constitué par Napoléon et Joséphine. En décembre 2004, est célébré en grande pompe le bicentenaire du sacre de Napoléon.

affiche_jubile_2017_1.jpg - <p class="description">Jubilé Impérial, 2017</p>

Jubilé Impérial, 2017


Sources

  • Hélot-Lecroart, Dominique, "Rueil et la mort de l'Impératrice Joséphine", in Société Historique de Rueil-Malmaison, Bulletin n°39, décembre 2014
  • Barral, Louis-Mathias de (1746-1816), Discours prononcé par M. l'archevêque de Tours dans l'église paroissiale de Ruelles, aux obsèques de S. M. l'impératrice Joséphine, le 2 juin 1814, Brasseur aîné, Paris, 1814
  • Méneval, Napoléon Joseph Ernest (1849-1926 ; baron de), L'impératrice Joséphine : d'après les témoignages de ses principaux historiens, Calmann-Lévy, Paris, 1910


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