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LE MONUMENT AUX MORTS DE RUEIL-MALMAISON

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LE MONUMENT AUX MORTS DE RUEIL-MALMAISON

L’idée d’ériger des monuments aux morts n’est pas propre à la Première Guerre mondiale. Cependant, aucune guerre dans l’histoire n’en a suscité autant. Ce sont 38 000 monuments qui sont érigés à la fin de la guerre. La majorité des communes de France en ont un, même si cela n’est qu’une plaque commémorative.

La construction de ces monuments est une source de débats dont les enjeux mémoriels sont importants. En effet, la guerre a profondément modifié le culte de la mort. Sauf rares exceptions de blessés ayant eu la chance d’être hospitalisés et pouvant recevoir la visite de leurs proches, ces derniers n’ont pu, dans la grande majorité des cas, accompagner les mourants. Les familles sont privées des corps de leurs défunts et donc de sépulture. C’est pourquoi, le monument aux morts devient un véritable enjeu de deuil. C’est le lieu physique où les familles pourront se recueillir.

LE CHOIX DU LIEU

Le choix de la représentation de la statue et du lieu où elle sera érigée sont autant de questions auxquelles la municipalité de Rueil-Malmaison a dû répondre.

Afin de trancher ces questions, la ville décide, en juillet 1920, la création d’un « comité pour l’érection d’un monument à la mémoire des enfants de Rueil morts pour la France ». Celui-ci sera composé de « 7 conseillers municipaux, 2 délégués de chacune des sociétés de la ville, de personnes notables à Rueil et d’un certain nombre de pères, mères et veuves d’enfants tombés au champ d’honneur ».

Celui-ci vote rapidement le choix du lieu. Dès novembre 1920, le comité vote à bulletin secret et indique par courrier au maire, Louis-François Besche, président d’honneur du comité, que l’emplacement a été fixé dans la grande cour de la mairie et ajoute : « L’acceptation du Conseil Municipal s’impose le plus rapidement possible afin que les statuaires soient en mesure d’établir leurs projets ».

LE CHOIX DU STATUAIRE

Parallèlement au choix du lieu se pose la question du statuaire. Une dynamique économie naît autour de ces constructions mémorielles. Les statues peuvent être choisies sur catalogue, tout comme les chaînes qui les entourent.

Mais à Rueil, le choix est fait de lancer un concours afin de trouver l’artiste qui répondra à ses besoins. Ce n’est pas un concours, mais trois qui sont lancés successivement entre 1920 et 1922.

Si la municipalité lance autant de concours, c’est qu’elle n’a toujours pas répondu à la problématique du lieu. Elle hésite successivement entre plusieurs endroits, et notamment entre la place de la mairie et celle de la caserne.

Afin de trancher définitivement, en septembre 1922, le maire demande par courrier aux différentes sociétés et associations de la ville, comme Les prévoyants de l’Avenir, les Vétérans des Armées de Terre et de Mer, le Rueil-Athletic-Club ou encore la Société des Secours Mutuels, quel lieu serait, selon eux, le plus à même d’accueillir le monument. Leurs choix se font, pour la plupart, pour des raisons pratiques. Ainsi, le président du Rueil-Athletic-Club écrit : 

« Après consultation des membres de notre société réunis en assemblée générale, il résulte que l’emplacement de la place de la caserne, pour ériger le monument à la gloire des enfants de Rueil morts pour la France, pourrait être choisi, à condition qu’il ne s’y fasse plus de fêtes foraines. »

Le président de la Société de Secours Mutuels souligne également ce point : « Si le monument projeté doit avoir un caractère de glorification patriotique, je pense que la place de la caserne conviendrait bien. Dans ce cas, il serait nécessaire que l’allée centrale soit dégagée dans le cas où il y aurait une fête foraine ».

Suite à ces échanges, la municipalité propose alors de faire construire le monument dans « l’axe de la grille du quartier Guynemer devant la caserne ». Le 22 septembre 1922, la mairie lance alors un « concours définitif ».

Au terme de ce concours définitif, c’est finalement Charles Perron qui est choisi par le comité et par le conseil municipal, pour ériger un monument aux morts devant la caserne.

UNE DIFFICILE ORGANISATION

L’organisation de la construction du monument aux morts à Rueil est assez difficile. Au point qu’en avril 1922, l’Union Nationale des Combattants, section de Rueil, envoie un courrier au maire pour se plaindre de la mauvaise organisation et de la mauvaise gestion de la construction du monument.

En effet, alors que la souscription ouverte pour le monument est terminée depuis plus d’un an, le choix du statuaire et du lieu n’ont toujours pas été tranché. L’UNC accuse le président de la commission de partialité et reproche à la municipalité et au Conseil Municipal leur manque de suite dans l’exécution du programme tracé.

En se plongeant dans les archives, il se trouve en effet que le choix du statuaire répond à des pressions politiques plus qu’à un choix esthétique. Il semblerait que Charles Perron, le statuaire retenu au terme des trois concours, aurait gagné le concours avec un peu d’aide…

Le 20 avril 1922, le sénateur de Seine et Oise, Hugues Le Roux, envoie une lettre au maire de Rueil. Il lui écrit « Je tiens M. Ch. Perron, qui est hors concours, pour un artiste de grand talent, et nous avons vu surgir sur tous les points de la France des Monuments aux Morts artistiquement si peu dignes de ceux que l’on désirerait honorer, qu’on serait heureux de voir une ville de tradition comme Rueil donner ici l’exemple du goût, comme elle en a donné tant d’autres ». Deux jours plus tard, le maire lui répond en ces termes : « J’ai bien reçu votre lettre me recommandant Monsieur Charles Perron, malheureusement, le Conseil Municipal, dans sa dernière séance, n’a pas accepté le projet de M. Perron qui n’a réuni que deux voix, dont la mienne, sur 19 votants. La question reste entière et M. Perron conserve toutes ses chances. Vous pouvez être assuré que je tiendrai compte de l’appui que vous lui apportez. »

Et finalement, Charles Perron est choisi par la municipalité pour ériger le monument devant la caserne le 19 mai 1923. Et ce dernier est finalement construit… devant la mairie, ce qui était le choix proposé par le comité pour l’érection du monument aux morts dès 1920.

Le monument aux morts de la ville de Rueil-Malmaison est finalement inauguré le dimanche 18 novembre 1923, quelques jours après le 11 novembre, date originellement prévue. 

LA STATUE ET SA SIGNIFICATION

La statue représente une femme portant un bonnet phrygien. Elle tient dans sa main gauche un drapeau. Elle représente la France et la République. Dans sa main droite, elle tient une couronne de laurier, symbole de la victoire.

A ses pieds, on peut voir une croix en bois sur laquelle est posée une gerbe de fleurs et surmontée d’un casque de poilu. C’est le symbole du sacrifice du poilu.

Cette statue représente la France qui rend hommage aux soldats morts pour la France. C’est un symbole fort, d’autant qu’elle permet d’avoir un lieu de recueillement pour les familles. 

Sur le socle, on peut voir les armes de la ville. Bien souvent, le message sur le monument est « La commune de X à ses enfants morts pour la France », et Rueil-Malmaison ne déroge pas à la règle puisqu’on peut lire sur le socle de son monument « La ville de Rueil à ses enfants morts pour la France ».

Cependant, contrairement à de nombreux autres monuments, la liste des tombés au combat n’est pas inscrite à même le monument. Le choix a été fait de graver les noms sur des plaques qui sont, toujours à ce jour, accrochées dans le hall de l’ancienne mairie, aujourd’hui Musée d’Histoire Locale. 

Quant à la statue, elle n’a pas bougé depuis son inauguration.


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