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AUX ARMES, RUEILLOIS

Document du mois

DE L'HÉRALDIQUE...

Les armoiries de Rueil-Malmaison datent de 1869. Elles sont, d'un point de vue historique, assez récentes. Les armoiries désignent l'ornement extérieur (majoritairement l'écu, les armes ou la bannière), tandis que le blason est la description des armoiries (les couleurs par exemple).

Au Moyen Âge, ce sont des emblèmes en couleurs, utilisés par les chevaliers, puis par la noblesse. Néanmoins, les roturiers, les bourgeois créent des blasons dès le début du XIIIe siècle. Les villes en produisent également, de même que certaines administrations et corporations. Il s'agit du symbole de l'autorité et de ses actes. L'édit de 1696 impose l'enregistrement de toutes les armoiries et s'accompagne de la création de blasons pour les villes qui n'en possédaient pas. La Révolution supprime les armoiries des communes mais celles-ci sont rétablies par le Premier Empire (héraldique napoléonienne). Le décret du 17 mai 1809 établit alors un ensemble de prescriptions concernant l'ordre des couronnes murales, les signes distinctifs et les ornements extérieurs.

La science des armoiries, ou héraldique, permet de structurer les blasons, d’en tirer la symbolique et de représenter, à travers les armes, les valeurs ou dispositions souhaitées par leurs propriétaires.

CRÉATION ET COMPOSITION

C'est lors de la construction du nouvel hôtel de ville, débutée en 1868, que, voulant décorer la façade des armoiries de la ville, on se rend compte que Rueil n'en possède pas. La concession d'armoiries doit suivre un long processus. Une délibération du conseil municipal à ce sujet doit être soumise à l'approbation du Préfet et du Ministre de l'Intérieur, puis du ministre de la Justice, lequel l'envoie pour examen au Conseil Impérial du Sceau. Quand la demande est approuvée, elle est soumise à la signature du ministre de l'Empereur.

Ainsi, le 26 décembre 1868, le conseil municipal se réunit afin de délibérer expressément sur la question des armoiries de Rueil. Adrien Cramail, maire de Rueil, expose au conseil « qu'après avoir inutilement fait des recherches soit aux archives impériales soit dans les ouvrages spécialisés, il avait acquis la preuve que la ville de Rueil n'avait jamais possédé d’armoiries ». Dans la même délibération, le maire demande donc à M. Froyez (avocat référendaire à la chancellerie, spécialiste en science héraldique) un projet d'armoiries rappelant le souvenir des grands personnages ou faits historiques se rattachant à l'histoire de la ville.

Un premier modèle de dessin est présenté aux conseillers municipaux avec dans l'angle gauche un « N », à droite le château de Malmaison, dans la partie inférieure divisée en deux d'un côté les armes de Richelieu, soit trois chevrons et une ancre (rappelant qu'il était grand amiral de France) et de l'autre les armes des Tascher de la Pagerie (famille de l'Impératrice Joséphine). On suggère de mettre aussi les armes de la reine Hortense, inhumée à Rueil. Ce projet est refusé par le Conseil impérial du sceau trouvant inopportun la représentation d'une ancre pour une ville sans port. De même, les familles Richelieu et Tascher ayant encore des descendants, il faudrait leur consentement pour représenter leurs armées sur le blason.

Le conseil municipal est aussitôt à nouveau convoqué le 31 décembre, dans le but d'arrêter le projet. On décide de représenter le N de Napoléon, le château de la Malmaison et une fleur d’hortensia. La somme de 1000F nécessaire pour couvrir les frais de sceau, est votée. Dès le 3 janvier, une copie de la délibération du conseil municipal est adressée au Préfet pour approbation. Les lettres patentes signées de l'Empereur, scellés du grand sceau de l’Empire, sont accordées par décret impérial du 1er septembre 1869.

« Napoléon III, par la grâce de Dieu et la volonté nationale, empereur des Français, à tous, présents et à venir, salut. (…) de gueules, au château de la Malmaison d'or, maçonné et ajouré de sable, à la fleur l'hortensia au naturel, posée en pointe ; Franc quartier des villes de seconde classe (qui est, à dextre, d’azur à l'N d'or, surmontée d'une étoile, rayonnante du même), réduit au neuvième de l'écu ; l'écu sommé d'une couronne murale à cinq créneaux, d'argent, traversée d'un caducée contourné du même, auquel sont suspendues deux guirlandes : l'une à dextre, d'olivier, l'autre à senestre, de chêne, aussi d'argent, nouées et rattachées par des bandelettes d'azur ».

Ces armoiries évoquent le souvenir de la mère de Napoléon III, la reine Hortense. On y trouve les symboles de sa propre vie : le Château de la Malmaison et une fleur d’hortensia. La dynastie napoléonienne y tient une grande place : avec le « N » la symbolisant. Le fond, d'une couleur rouge gueule représente le désir de servir sa patrie et l'amour. Sous l'Empire, les villes sont divisées en trois classes suivant leur importance. Rueil étant ville de deuxième classe, l’écusson est ainsi surmonté d'une couronne à cinq créneaux traversée d'un caducée auquel sont suspendus deux guirlandes. L'une à droite, d'olivier, l'autre à gauche, de chêne (suivant les règles édictées par le décret de 1809).

RUEIL-MALMAISON ET LA DYNASTIE NAPOLÉONIENNE

La composition de ces armoiries montre l'attachement des Rueillois à l'Empire et à la dynastie, entretenu par les cérémonies annuelles célébrées à l'église en mémoire de l'Impératrice et de la Reine Hortense.

 

D'un point de vue politique, l’arrivée de Louis-Napoléon Bonaparte au pouvoir en 1848 est très bien accueillie des Rueillois : sur les suffrages exprimés, il obtient 73,70%, Cavaignac 17,10%, Raspail 4,40% et Ledru-Rollin 4%. Le plébiscite de 1851 donne à Rueil 1031 « oui » sur 1122 votants. Lors du Conseil Municipal qui suit, Cramail scande : « Les représentants des habitants de Rueil veulent vous témoigner leur reconnaissance, des soins que vous avez pris des intérêts de la France. Ils viennent vous demander de faire cesser l'état précaire où se trouve le pays en ce moment en acceptant le titre glorieux d'Empereur ».

 

Adrien Cramail est un fidèle bonapartiste et le « candidat officiel » durant tout le Second Empire à Rueil. Il est élu en 1848 par les citoyens puis ensuite réélu et reconduit par le Préfet dans ses fonctions jusqu’en 1870 Le Second Empire de Napoléon III paraît donc solide dans la ville. Le Conseil Municipal, à l'époque, est composé de 23 membres, qui, dès leur élection doivent prêter serment d'obéissance et de fidélité à la Constitution et à l'Empereur.

 

L'Empereur est également présent à Rueil par des donations et des acquisitions : travaux faits place de l’Église, achat de l'orgue et d'une cloche. Le 15 août redevient la fête de l’Empereur et fête nationale comme sous Napoléon Ier. Chaque événement de l'Empire, fêtes, victoires, attentats contre l'Empereur sera toujours l'occasion pour les Rueillois de marquer leur dévouement et attachement à Napoléon III. Le conseil municipal donne le nom de « rue de l'Empereur » à la rue Saint-Denis, la rue principale du centre-ville.

 

Les armoiries, au fil du temps, ont évolué dans leur logotype mais gardent les mêmes traits caractéristiques. Elles se retrouvent encore actuellement sur toute la correspondance du Maire, Patrick Ollier.

POUR ALLER PLUS LOIN

  • Rémi Mathieu. Le système héraldique français, Paris, J.-B. Janin, 1946.
  • Hélot-Lécroart, Dominique, « Les armoiries de Rueil », in Bulletin de la Société Historique de Rueil-Malmaison numéro 34, Rueil-Malmaison, SHRM.
  • Hélot-Lécroart, Dominique, « Les Mairies de Rueil-Malmaison », in Bulletin de la Société Historique de Rueil-Malmaison numéro 35, Rueil-Malmaison, SHRM.
  • Vojtovic, Aline, « Napoléon III et la ville de Rueil-Malmaison », in Bulletin de la Société Historique de Rueil-Malmaison numéro 37, Rueil-Malmaison, SHRM.

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